La Part du Lion

L’Indomptabilisme

L’indomptabilisme est un style et un état d’esprit. C’est aussi l’art et la passion du tout vaincre. La matérialisation de cette hargne de gagner trouve son origine dans la croyance ferme en ses qualités ainsi qu’un moral capable de surmonter toutes les épreuves, voire même de faire taire toutes les adversités.

Vaincre le pays hôte en football est un traumatisme qui ne libère pas l’esprit du peuple de supporters de sitôt. L’affliction de la privation d’un rêve ne se résorbe jamais facilement et les drames causés par ces séquelles appellent la conscience sportive à un questionnement psychologique. Oui, mais me diriez-vous, le sport sait aussi être cruel et c’est pour cette raison qu’il nous tient en haleine.

 Toutefois, la dichotomie vainqueur/vaincu qui transparaît au travers de ce concept est à considérer comme normale et naturelle, car après tout, en sport il y a trois issues possibles et exclusives : supériorité, égalité, ou alors infériorité. Par conséquent, l’indomptabilisme qui a pour corollaire fort la suprématie est une culture qu’il faut construire et qui doit être sans cesse à parfaire, à maîtriser ou à pérenniser.

Les leaders de l’indomptabilisme Abéga,Milla, Mbida, Nkono ou Eto’o pour ne citer que les plus connus ne sont pas érigés en tortionnaires parce que de nombreux adversaires et c’est assez édifiant continuent de les aduler au point de redonner à cet art tout son sens cardinal de jouissance et d’exaltation. L’indomptabilisme ne peut donc pas être perçu comme un acte brute digne de l’époque médiévale, de la chasse à courre qui consistait à s’attirer les foudres des spectateurs haineux, bavant tels des bêtes fanatisées, endoctrinées par l’amour de la défaite de l’autre, de l’adversaire. Mais il n’en demeure pas moins que cela reste un acte pervers à la limite sadique.

Aujourd’hui, la conscience sportive s’est affranchie de ses barrières dogmatiques ; comme cette coupe afro-asiatique retenue en Arabie Saoudite par des officiels qui contestaient à tort l’authenticité de la nationalité camerounaise de Roger Milla. Le Général Président Gueï redonnait le « sens civique », bien qu’étant déjà prisonnier à l’équipe nationale de Côte d’Ivoire parce qu’elle avait trébuché face aux Lions 3-0. Dona Fologo ministre des sports en 1986 écrasait une grosse larme en public parce que Milla venait de marquer de la hanche un but qui éliminait son équipe en demi-finale de la CAN. Le roi Hassan II n’est jamais venu remettre le trophée au capitaine Mbouh car les Lions avaient éliminé ceux de l’Atlas en 1988.